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Là où nous en sommes:

Cette expérience acoustique m’amena bien plus tard à une réflexion qui s’avèrera essentielle et existentielle pour moi, elle interroge tout simplement ma « position » dans le monde qui m’entoure en tant que position géographique bien sûr mais aussi politique (au sens de Polis) et spirituelle. Quelle quantité de réalité veux-je et puis-je supporter pour que la vie soit acceptable? Pour accéder à ce plaisir de vivre? Comment trouver le point d’équilibre entre réel et flou? 

Quelle quantité de flou injecte t’on dans le réel pour y survivre selon nos conditions psycho-affectives et psychomotrices singulières? Cette quantité de flou que nous sommes capables d’injecter, n’est-ce pas ce qu’on nomme « créativité »? Cette frontière entre le flou et le réel ne serait-elle pas le lieu d’un acte artistique salutaire? 

Pour recréer cette' expérience, nous avons cherché à inventer un outil maniable, offrant les possibilités empiriques de tâtonnements nécessaires pour trouver cette frontière, la distance critique comme on dit en acoustique, et l’éprouver. Cette distance c'est le point ou le signal (on simplifie souvent par "le son") n'est plus direct mais ou les rebonds des ondes génèrent la réverbération et donc ce "flou" dont je parle. C’est ici que la virtualité entre en action. Par le truchement d’un casque VR configuré, chacun peut chercher sa distance critique dans un environnement virtuel reconstituant un volume. Ici c'est  l'église, pourvu de 4 sources sonores disséminées dans l'espace virtuel, diffusant des textes choisis ou de la musique (on peut mettre toutes les sources sonores que l'on veut pourvu qu'elles soient sous forme de fichiers numériques). Ces sources sont symbolisées par des formes sphériques. La réverbération de l'édifice a été respectée. grâce à des mesures prises préalablement et traduites numériquement pour recréer les qualités acoustiques du lieu. Au début de l'expérience, l’expérimentateur peut contrôler ce qu’il veut entendre ou pas, comprendre ou pas en se déplaçant dans le volume. Plus il s’approchera d'une source sonore plus celle-ci sera audible et nette. Mais l’expérience offre plusieurs phases. L’expérimentateur découvre d’abord l’environnement et peut opérer un déplacement vers les sources de son choix. Puis dans un deuxième temps, une miniature de l'édifice apparaît au milieu de l'espace virtuel pour qu’il puisse agir sur le volume à l'aide de petits curseurs attachés à la maquette virtuelle. Il pourra soit étirer des murs , soit augmenter le volume de l'édifice, soit effectuer une rotation du volume. Une fois re-configuré, il peut explorer et expérimenter le nouvel espace qui a vu sa réverbération  évoluer avec les nouvelles dimensions. 

L’installation prévoit jusqu'à 3 expérimentateurs en simultanée qui auront chacun leur environnement personnel mais qui pourront, dans certaines zones de l’espace de déplacement se retrouver et interagir. 

On prévoit également une phase sans contrôle possible où l’expérimentateur verra ses repères et son rapport distance/réverbération bouleversés, incitant à se repositionner dans un nouveau paradigme sonore.

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